Tribune de Jean-Frédéric dans Valeurs Actuelles : “Refonder une Europe des Nations”
Engagé dans la campagne des élections européennes aux côtés de Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Frédéric Poisson détaille sa vision de ce que devrait être le projet européen.
« Tous les pays qui n’ont plus de légende seront condamnés à mourir de froid »écrivait le poète Patrice de La Tour du Pin. C’est aussi vrai de l’Union européenne ! Depuis qu’elle est engagée dans un projet qui n’est plus celui des Pères fondateurs issus de la démocratie chrétienne mais celui des milieux d’affaire et des technocrates convaincus de faire le bonheur des peuples contre eux, elle se paralyse dans sa propre impotence.
Paralysée, l’Europe l’est de partout et sur toutes les grandes questions :
- Elle l’est depuis deux ans et demi par un « Brexit » qui n’en finit pas, non seulement à cause de l’incapacité du gouvernement britannique à savoir où il veut aller et comment, mais aussi à cause d’une rigidité absolue de la Commission qui a acculé celui-ci dans les cordes d’un traité inacceptable par quiconque a le sens de l’honneur et de la souveraineté d’une nation ;
- Elle l’est aussi face à une immigration musulmane massive qui menace son identité culturelle, parce qu’elle a organisé un renoncement collectif à toute assimilation et ouvert la voie à tous les trafiquants d’êtres humains ;
- Elle l’est, également, par son incapacité à défendre ses industries face aux grands prédateurs mondiaux, parce qu’au nom des règles de concurrence elle préfère voir ses entreprises passer sous contrôle étranger, et parce que ses divisions internes l’empêchent même de mettre le holà au pillage fiscal qu’ont entrepris les GAFA et autres grands groupes ;
- Elle l’est, de plus, par son impuissance à assurer la paix sur le continent et à ses frontières, comme le montre son triste échec en Ukraine, après celui du Kosovo, parce que la plupart de ses États-membres préfèrent s’en remettre au parapluie américain et à l’OTAN plutôt que de s’assumer eux-mêmes ;
- Elle l’est, enfin, par une inaptitude congénitale à se réformer, à réduire l’emprise technocratique, à stopper l’avalanche des réglementations, normes et carcans dont elle enserre toujours davantage les peuples.
Cela fait plus de trente ans que les dirigeants européens nous chantent l’incantation de la réforme. A-t-elle progressé d’un pouce ? Non ! En revanche, les instances européennes s’acharnent à pousser des transgressions sociétales dont elles s’emparent régulièrement au mépris des Traités ; elles ont même entrepris de sanctionner les États-membres, tels la Pologne ou la Hongrie, dont les gouvernements, à la suite de leurs propres peuples, sont devenus sceptiques.
L’heure n’est plus de faire évoluer doucement les choses : à ce compte, l’Europe va rater le tournant de l’histoire et se défaire sous les coups des barbares comme l’Empire romain de la décadence. Pour ceux qui aiment l’Europe parce qu’elle est mère de civilisation et qu’elle est l’espace de notre vie, il n’y a d’autre choix que de « renverser la table » ; ou plutôt, la remettre sur ses pieds qui sont ceux de l’Europe des nations.
La renaissance européenne ne procédera que de la vitalité des nations qui la composent. Elle s’enracine dans le double héritage gréco-romain et judéo-chrétien qui a fait sa grandeur au fil des siècles et fécondé sa civilisation : « Le christianisme ne veut pas parvenir à l’universalité au travers de l’élimination des nations, mais bien au travers de leur maintien », rappelait Viktor Orban à l’occasion de la 29e université d’été de Bálványos en juillet dernier. Loin de toute fuite en avant, l’Europe doit se mettre au service des nations qui sont le cadre de référence de notre destin politique. « La perfection de l’humanité ne sera pas l’extinction mais l’harmonie des nationalités » affirmait Renan.
Voilà pourquoi, je m’engage avec Nicolas Dupont-Aignan dans la grande alliance des « Amoureux de la France », pour redonner un avenir à l’Europe. Dans cette urgence, trois priorités s’imposent à nous :
- Assurer notre sécurité et notre défense dans un monde redevenu dangereux, où la guerre se trouve maintenant à nos portes : puisque ce n’est ni dans le cadre de l’OTAN ni dans celui des institutions actuelles que nous parviendrons à construire une Europe de la défense, il nous faut inventer ce cadre à partir des États pour que nos peuples redeviennent adultes et majeurs sur la scène mondiale ;
- Traiter sérieusement la question migratoire en respectant notre culture et nos racines pour préserver la cohésion des nations européennes : le problème n’est plus, s’il ne l’a jamais été, de fournir une main d’œuvre bon marché à des entreprises qui ne veulent pas rémunérer les travailleurs au juste salaire, mais de restaurer une cohésion sociale dont la révolte des « gilets jaunes » prouve l’effondrement ;
- Protéger effectivement et rapidement nos industries : le libre-échange est une bonne chose quand les règles du jeu sont identiques pour tous et qu’elles sont effectivement appliquées par tous ; sinon, il n’est que le paravent des plus forts et des tricheurs au détriment des plus faibles ; il faut stopper la désindustrialisation de l’Europe, qui la met en situation de dépendance grave.
Si, pour y parvenir, une rupture radicale s’impose, alors faisons-la ! Non par un « Frexit » car ce n’est pas à la France de sortir de l’Europe, mais par un « Bruxit » car il est temps de refonder l’Europe sur des bases saines, hors de la technocratie bruxelloise qui en a trop longtemps confisqué les rênes. Sortons l’Europe des griffes de Bruxelles !