Lettre à François Hollande suite aux répressions policières
Retrouvez ma lettre adressée à François Hollande suite aux répressions policières abusives exercées sur de nombreux manifestants de la Manif pour Tous. 48 de mes collègues ont souhaité la cosigner. Cette lettre a été envoyée le 18 juin, la veille de l’incarcération de Nicolas… Je ne manquerai pas de vous faire part de la réponse du Président de la République.
Monsieur le Président,
Dans toute la France, et à de très nombreuses occasions, les opposants à l’instauration du mariage et de l’adoption pour les couples de personnes de même sexe ont manifesté leur désaccord profond avec votre projet et ses intentions. Ils continuent de le faire depuis le vote de la loi, ainsi que le droit le leur permet.
Depuis les premières manifestations de novembre 2012, on compte les interpellations, les arrestations et les gardes à vue par centaines. Bien entendu, personne ne conteste que les perturbateurs, parfois violents, qui venaient dans ces manifestations dans l’intention de provoquer ou d’affronter les forces de l’ordre, aient fait l’objet de mesures de rétorsion et soient éventuellement traduits en justice.
Chacun comprend également que dans des rassemblements d’une taille comme celle de ceux que nous avons vécus, les forces de l’ordre soient conduites à agir dans une forme certaine de rapidité, emportant dans leur action ceux qui doivent être maîtrisés et ceux qui ne le doivent pas.
Mais ce n’est pas là ce qui nous conduit à vous écrire.
D’innombrables témoignages (dont beaucoup circulent désormais sur les réseaux sociaux, et sont, de ce fait, publics) montrent que dans des circonstances tout aussi innombrables, les libertés publiques dans notre pays ont été bafouées.
Nos concitoyens évoquent en particulier :
des intimidations incessantes, des arrestations ayant pour seul motif le port d’un t-shirt ou d’un drapeau, des trous béants dans la préservation des droits fondamentaux des interpellés ou gardés à vue, des confiscations arbitraires de vêtements, drapeaux, mégaphones, etc, des arrestations, séquestrations et gardes à vue arbitraires, des pratiques disproportionnées en termes de maintien de l’ordre.
Ces temps-ci, de très nombreuses plaintes sont ou seront déposées pour obtenir réparation de l’Etat sur des points de cette nature. Beaucoup de ces plaintes seront étayées sur des films, des photographies, des témoignages recoupés et des éléments matériels irréfutables.
Mais, Monsieur le Président, les manifestants ont annoncé leur volonté de continuer à se mobiliser, comme ils l’ont fait depuis le début pour l’immense majorité d’entre eux, dans le calme et dans la paix, mais dans une opposition radicale à votre projet de société.
Or, Monsieur le Président, votre devoir consiste à veiller à ce que leur droit de manifester cette opposition puisse s’exercer en toute liberté et sureté.
Et ils n’acceptent pas cette impression qui leur est faite d’une police qui cherche tout autant à intimider les opposants politiques qu’à maintenir l’ordre public.
Monsieur le Président, il vous appartient de faire cesser ces agissements arbitraires, que rien ne fonde en droit, et qui donnent de notre pays une image détestable. C’est notre devoir de parlementaires de vous le demander. Nous souhaitons que votre attention se porte précisément sur ces situations, et que vous preniez toutes dispositions pour faire en sorte que de tels abus cessent sans délai.
Nous tenons évidemment à votre disposition tous documents et supports susceptibles d’étayer nos propos.
Nous vous savons gré de l’attention que vous aurez prêtée à la présente, et vous prions de croire, Monsieur le Président, à l’expression de notre haute considération.
Jean-Frédéric POISSON, député des Yvelines, Xavier BRETON, député de l’Ain