LES EMPLOIS D’AVENIR, « UN PROJET DE LOI DISPENDIEUX ET INEFFICACE »
Le Ministre Michel Sapin vient de terminer sa présentation devant la commission des affaires sociales du projet de loi portant sur la création des contrats d’avenir. L’intention peut paraître louable : et sans doute les jeunes qui profiteront de ce dispositif lui trouveront-ils quelques vertus…
Mais au-delà de cette utilité micro-économique, les inconvénients de ce dispositif sont trop nombreux pour être acceptables.
Premièrement, le problème des jeunes quittant le système éducatif sans qualification demeure entier : ce texte ne s’attaque en rien à la question de la formation initiale, pourtant cruciale ici.
Deuxièmement, la probabilité que les contrats d’avenir donnent une vraie qualification professionnelle en trois ans est très faible. Croyons-en sur ce sujet les commentaires et appréciations des syndicats de salariés comme des organisations patronales.
Troisièmement, le coût total de ce dispositif est insupportable pour nos finances publiques. 2,3 milliards d’euros pour les seules compensations des coûts salariaux, auxquels il faut sans doute ajouter 1 milliard d’euros supplémentaire : ces 3,3 milliards ne sont, en fait, pas finançables par le budget de l’Etat.
Quatrièmement, personne ne peut contester que certains secteurs d’activité ont de réels besoins de main d’œuvre. Pour autant, et en ne prenant que l’exemple des services à la personne ou des activités numériques, ces secteurs d’activité en développement ont besoin de personnels de plus en plus qualifiés, ce qui correspond à la fois aux exigences de ces métiers et aux demandes des bénéficiaires. Il est illusoire de croire que ces secteurs accueilleront, dans des conditions normales d’apprentissage et de niveau normal de service, des personnes qui n’ont au départ aucune qualification.
Cinquièmement, les critiques des organisations syndicales sur ce projet de loi sont trop unanimes pour être ignorées. Elles vont d’ailleurs toutes dans le même sens : ce dispositif est trop cher, et ne permettra pas d’atteindre massivement l’objectif de pérennisation des emplois qu’il affiche pourtant.
Au total, il aurait été préférable de renforcer, avec ces plus de trois milliards d’euros, le secteur de l’apprentissage et de l’alternance dans le secteur marchand, seul susceptible de créer durablement des richesses dans notre pays.
Pour toutes ces réserves de principe, je voterai contre ce projet de loi inefficace et dispendieux.