Jean-Poisson dans L’Étudiant Libre : l’entretien exclusif
Quelle Europe voulez-vous pour demain ? La question de l’organisation européenne n’est pas la même qu’être pour ou contre l’Europe. Cela n’a pas de sens. Nous sommes des Européens. Tous les Français sont Européens. Appartenir à l’Europe ou être en Europe veut dire avoir en partage une vision du monde ou un projet de civilisation, plutôt qu’une sorte de révérence envers des institutions quelles qu’elles soient.
« Le projet initial européen a été trahi par la volonté de faire de l’Europe un marché ouvert dans lequel la valeur du commerce et de l’argent domine et non pas celle de la personne. »
Il se trouve que la manière de gouverner l’Europe, depuis sa prise en charge par le PPE avec les socialistes européens, tourne le dos à la réalité profonde de la civilisation en Europe, faisant de la dignité de la personne une valeur socle. C’est ce qui fait la grande particularité de la civilisation européenne et de ses firmes, majoritairement américaines, par rapport à toutes les autres. Le projet initial européen, même s’il est effectivement critiquable, repose en principe sur cette considération. Il a été trahi par la volonté de faire de l’Europe un marché ouvert dans lequel la valeur du commerce et de l’argent domine et non pas celle de la personne. Tout l’enjeu est de savoir si l’on est capable de remettre les choses dans l’ordre. Pour ce faire, il faut trouver toutes les déclinaisons possibles de la valeur de la dignité humaine dans leur politique, c’est-à-dire constater que les personnes ne s’épanouissent pas en dehors des communautés naturelles dans lesquelles elles naissent, la famille et la nation, et dans lesquelles elles agissent, l’entreprise, l’association et les territoires (il y a aussi une dimension territoriale dans les corps intermédiaires). Toute la question est : « Qui est prêt à réenclencher le projet européen dans le sens de la dignité humaine ? Qui est prêt à redonner à tous les corps intermédiaires en Europe le poids qu’ils devraient avoir dans la vie publique et dans les décisions publiques ? » Moi j’y suis prêt. Mais je n’ai pas senti cette même orientation dans les autres formations politiques et dans les autres projets présentés. C’est cette volonté de faire en sorte que, lorsque l’on a redonné aux nations une partie de leurs libertés, on redonne en même temps aux composantes de la nation les éléments de libertés dont on les a privés jusqu’ici. Cela engendre moins d’agences qui prennent des décisions à la place des peuples, moins de pouvoirs à la commission, moins de normes qui étouffent les gens mais davantage d’initiatives laissées à ceux qui doivent être libres, c’est-à-dire les nations, donc les familles, les entreprises, les associations, les territoires et donc les personnes.
Quelles doivent être les bases communes d’un éventuel rassemblement de la droite ? Très simple, cinq principes. Le premier : replacer la famille au centre des politiques publiques ; le deuxième : reprendre le contrôle des frontières ; le troisième : lutter contre la société multiculturelle ; le quatrième : reprendre de l’autorité sur les stratégies industrielles, sans lesquelles il ne peut y avoir ni prospérité ni développement économique réel ; et le cinquième : redonner suffisamment de pouvoir aux nations pour qu’elles puissent, dans leur propre périmètre, mettre en place ces différents axes. Tout cela est la déclinaison naturelle de ce que j’évoquais à l’instant, c’est-à-dire que ce soit la liberté qui guide la construction européenne et pas la soumission au marché suprême. Tout cela est très antinomique, de la même logique que le traité du TAFTA, dont la négociation a été réouverte il y a quelques jours est l’antithèse de ce que je viens d’exposer. En effet, c’est le transfert de toute forme d’autorité commerciale, donc politique, et la soumission à un modèle culturel qui n’est pas le nôtre. Donc ces cinq principes doivent être au cœur du programme commun de la droite. De la même manière, et pour des raisons de cohérence, ils doivent être au cœur de notre projet européen.
Quels sont les risques de la hausse de l’immigration ? Quelles en sont les solutions ?
J’ai croisé un jour en Libye dans un camp de réfugiés, une petite Érythréenne de 20 ans portant dans ses bras son fils de 15 jours, Husseim. Cette jeune femme avait fait le trajet depuis son pays jusqu’à Tripoli, en Libye. Elle a survécu à tous les périples d’un tel voyage. Son fils était dans un camp de réfugiés. J’ai alors demandé à sa mère : « Est ce que des gens de votre village ont essayé d’aller en Europe ? Ont-ils réussi ? » Elle me rétorque : « Oui, beaucoup ont essayé mais personne n’a réussi ». Je lui dis donc : « Si vous avez si peu de chances de réussir, pourquoi avez-vous essayé ?» Elle me répond : « Même si mon fils grandit dans ce camp de réfugiés, il vivra mieux ici que dans le village dans lequel j’habitais. C’est pour cela que j’ai essayé. » Autrement dit, on ne traitera pas la question de l’immigration sans en évoquer ses causes et les raisons poussant les gens à décider un jour de donner à leurs enfants des conditions de vie meilleures que celles dans lesquelles ils ont eux-mêmes vécues. Ainsi, tant qu’ils seront persuadés qu’ils vivront mieux ailleurs, ils partiront de chez eux.
« Notre développement ne fonctionne pas car il ne permet pas de créer localement suffisamment de prospérité pour que les gens en profitent là où ils sont. »
Par conséquent, la responsabilité des pays occidentaux n’est pas de les déraciner plusieurs fois. Il est indigne de ne pas s’opposer aux causes faisant que ces personnes décident d’aller vivre ailleurs que chez eux. La première réponse à la crise migratoire est le développement, mais pas comme il est fait aujourd’hui. La France dépense beaucoup d’argent pour aider les pays africains ; l’Union Européenne le fait également. Mais la crise migratoire continue. Notre développement ne fonctionne pas. Pourquoi ? Car il ne permet pas de créer localement suffisamment de prospérité pour que les gens en profitent là où ils sont. On ne peut pas nous réclamer, au nom de la dignité de l’être humain, que chacun puisse vivre dignement de son travail et laisser faire cela dans des pays où nous mettons des milliards de systèmes économiques avec très peu de travail et des travailleurs qui n’ont plus les moyens de vivre dignement. Cela n’est pas possible. Il faut traiter tous les êtres humains de la même manière. La première réponse est donc le développement. Deuxièmement, nous avons un problème de diagnostic en France, même s’il est de plus en plus partagé, et même si la gauche commence, elle-même, à penser que l’on est allé un peu loin et qu’il serait temps de corriger le tir. Pour ce faire, il faudrait déjà reprendre le contrôle de nos frontières, mettre en place tous les dispositifs possibles pour qu’un certain nombre de camps soient installés au sud de la Méditerranée et pas chez nous, et faire en sorte que les études de visa se fassent à l’extérieur du territoire européen. Mais il ne faut pas mentir. Avant que les forces de l’ordre françaises soient à nouveau capables de contrôler efficacement les frontières, maritimes ou terrestres, il va s’écouler un certain temps, parce que l’on manque de moyens. Soyons conscients qu’il faut en effet reprendre le contrôle des frontières, mais que ceux prédisant ou promettant des résultats immédiats se trompent ou trompent les Français. Cela prendra du temps.
« Il faut désinciter les étrangers à venir en France en leur disant qu’ils n’auront pas ce qu’ils pensent y trouver. »
Donc il faut là aussi une troisième orientation politique. Celle-là est sociale. Il faut désinciter les étrangers à venir en France en leur disant qu’ils n’auront pas ce qu’ils pensent y trouver. J’observe que dans deux textes de lois adoptés par le Parlement, il y a une première disposition prévoyant la suspension de l’obtention de la nationalité française par la naissance sur le sol français, c’est le « jus soli » (le droit du sol), dont l’application est suspendue en Guyane et à Mayotte pendant 5 ans. Ça c’est la loi. Ce qui signifie qu’un enfant étranger naîssant à Mayotte n’est plus Français systématiquement, idem en Guyane. La suspension du droit du sol est possible. Il faut l’étendre. Troisièmement, dans les Antilles Françaises, l’accès à un certain nombre de prestations sociales est soumis à une présence sur le territoire passée de 5 ans à 15 ans. Cela veut dire que cette logique d’extension est en œuvre et qu’elle est possible. Mais ne mentons pas. Nous ne pourrons pas empêcher les gens de venir si jamais ils considèrent que l’endroit où ils habitent n’est pas satisfaisant. Dans ces conditions ils viendront et, soyons francs, nous ne les laisserons pas mourir dans la rue ! Il faut donc prendre les problèmes dans l’ordre. D’abord, on renforce le développement, ensuite on sécurise nos frontières, et enfin on lance une politique de désincitation. Tout ceci dans une démarche de long terme, posant de surcroît le problème de la continuité de la puissance publique.
Beaucoup semblent s’être résignés aux lois concernant la structure familiale que vous évoquiez. Comment donner aux gens l’envie de s’y intéresser ?
Il faut demander aux jeunes : « Dans quelle société avez-vous envie de vivre ? » parce que ces sujets ne sont pas que des opinions ; il ne s’agit pas d’idées ou d’un ensemble d’idées plus ou moins bien assemblées. Toutes ces dimensions-là portent en elles-mêmes non seulement de quoi alimenter un débat intellectuel, mais également une vision de la société et des conséquences très précises sur son organisation. Vous comprenez bien que, si vous avez le droit d’acheter un bébé sur internet ou non, la société dans laquelle vous vous trouvez n’a rien à voir. La question n’est pas seulement de savoir s’il est bien ou non d’acheter un bébé sur internet, mais: « Dans quelle société vit-on quand cette simple option est possible ? ». Ainsi, à partir du moment où l’être humain peut être considéré comme une marchandise comme une autre, monnayable, échangeable, dont les laboratoires assurent la qualité, et les psychologues les services après-vente, la société n’est pas la même.
Avez-vous envie de vivre dans une société où le modèle d’humanité est celui dans lequel on a le droit de priver un enfant de sa double origine sexuée, ou toutes ses origines, tout simplement?
C’est la première question : « Dans quelle société voulez-vous vivre ? » Dans une société déstructurée, dans laquelle chacun et chacune d’entre vous peut dès demain devenir à son tour l’objet d’un marché sous n’importe quelle forme ? Si vous avez envie de vivre dans une telle société, laissez faire. Si vous ne voulez pas vivre dans un monde comme celui-ci, qui ne concerne pas que la personne ayant acheté le bébé sur internet, vous en avez le droit. Même si vous ne voulez pas acheter un bébé sur internet, vous êtes concernés. En effet, ces enjeux dépassent le sujet de l’achat d’un enfant. Sur la question du mariage homosexuel c’est pareil ! Avez-vous envie de vivre dans une société où le modèle d’humanité est celui dans lequel on a le droit de priver un enfant de sa double origine sexuée, ou toutes ses origines, tout simplement? Avez-vous envie de vivre dans une société dans laquelle on peut nier sur son état civil que l’on a un père et une mère et que l’on peut prendre le problème par le bout car vous voulez que cela ne change jamais ? Toutes ces questions vous concernent tous, même si vous n’êtes pas d’accord avec l’évolution de la société, parce qu’elles emportent une organisation sociale générale qui, à la fin du compte, vous concerne directement et qui est amenée soit à vous respecter par principe dans votre personne, soit à vous mépriser par principe dans votre personne. Donc cela vous concerne tous directement.
« On n’engage pas une bataille seulement quand on a la certitude de la gagner. »
Ensuite, il y a la question de la victoire. Peut-on raisonnablement penser qu’un jour on emportera le morceau et qu’on remettra la société d’aplomb ? On n’engage pas une bataille seulement quand on a la certitude de la gagner. La dignité des hommes est aussi de pouvoir se battre pour ce en quoi ils croient et je fais partie de ceux qui ont la faiblesse de croire qu’il est plus que digne de se battre pour ce en quoi l’on croit, même si on est minoritaire, même si ce n’est pas voué à la victoire, même si on en laisse des plumes (il est vrai que la vérité ne triomphe pas toujours). Mais il est vrai que ces ennemis finissent toujours par disparaître. Je ne sais pas quand ces idées l’emporteront car il y a un moment où le sens de l’histoire se renversera. Regardez ce qui arrive dans un certain nombre d’États, comme les USA ou les États européens. On commence à se dire que finalement les atteintes à la vie sont des absurdités et qu’elles sont dans leurs droits remises en cause. Ce n’est pas rien. Cette évolution était impensable il y a encore quinze ans. Je veux dire aux jeunes qu’en fonction du monde dans lequel ils comptent vivre, en fonction de leurs volontés de se battre pour des choses dignes, ils doivent s’engager d’une certaine manière, qu’importe le résultat. Mais je dois leur promettre de la sueur et des larmes, comme Churchill promettait aux Anglais sans doute beaucoup de sang, avant que le but ne soit atteint.
Quel est votre avis sur le mouvement des Gilets Jaunes ? D’abord j’ai ressenti comme une sorte de rafraîchissement. Car dans les réunions publiques partout en France, je posais systématiquement la question à la salle : « Jusqu’à quand allez-vous vous laisser faire sans rien dire ? » parce que l’on vous rabote votre niveau de vie. Soit on augmente la CSG, soit on augmente les impôts, soit on baisse les allocations familiales. On vous bride la liberté d’expression avec la loi sur les fake news, on rabote vos droits d’amendement en empêchant vos parlementaires de s’exprimer librement dans l’enceinte du Parlement (c’était la sortie du Premier ministre sur la limitation d’amendement).
» On est bien dans un mouvement de débordement qui finit par s’exprimer de cette façon. «
Il a fallu que les personnes les plus modestes parmi nous sortent et disent « Stop ça suffit ! », avec un glissement que je trouve à la fois très intéressant et difficilement explicable. Ça démarre avec l’augmentation du gazoil et ça se termine par la demande de RIC. L’infiltration de certains partis politiques ne suffit pas à elle seule à expliquer ce glissement. On est bien dans un mouvement de débordement qui finit par s’exprimer de cette façon. Comme je le dis souvent, les gouttes d’eau ne font pas déborder les vases vides. Mais dans ce vase, il y avait beaucoup d’autres choses, en particulier une revendication très simple à la dignité : « Moi je travaille ; je veux nourrir ma famille et je n’y arrive pas. Plus j’essaie, moins j’y arrive. Plus je travaille, plus vous me prenez ». À la fin du compte c’est un mouvement de protestation. Alors bien sûr se sont greffés dessus tous ceux qui avaient du temps à perdre, tous ceux qui voulaient casser des vitrines. Je ne légitime absolument pas ces tentatives d’infiltrations ou ces débordements qui n’ont rien à voir avec le reste du mouvement. Ils existent parce que les Français ont l’impression d’être méprisés. Ils le sont d’ailleurs par le Chef de l’Etat et sa majorité.
» Les manifestants ne demandent pas l’aumône. Ils ne font pas la quête. Ils veulent que l’on modifie radicalement le système de répartition des richesses pour qu’ils soient rémunérés correctement. «
C’est une colère qui s’exprime et il faut l’entendre parce qu’elle est légitime. Elle porte sur la volonté d’être reconnu pour ce que l’on est, c’est-à-dire des sujets de dignité. Maintenant ce n’est pas en augmentant les salaires de 8 euros par mois que l’on va résoudre le problème. Les manifestants ne demandent pas l’aumône. Ils ne font pas la quête. Ils veulent que l’on modifie radicalement le système de répartition des richesses pour qu’ils soient rémunérés correctement. Qui peut être contre ça, à part le chef de l’État et son gouvernement ? Ils veulent que tous ceux vivants au crochet de l’État soient moins nombreux, éventuellement moins rémunérés, et que l’Etat soit éventuellement moins captateur de richesses. Qui peut être contre ça, à part ceux qui en profitent ? Ils veulent, quand ils expriment quelque chose, être entendus et que les politiques fassent leur métier. Ils disent au fond : «Vous avez été élus en portant un projet de société, faites votre travail. Vous êtes élus pour nous représenter, représentez-nous. Et n’allez pas nous demander d’avoir un projet de société et des propositions parce que nous ne sommes pas là pour ça ». C’est incroyable de demander à des centaines de milliers de personnes en situation de survie, pour beaucoup d’entre eux, de prendre le temps de trouver des propositions pour sauver la France. Je ne dis pas qu’ils n’en sont pas capables, mais que ce n’est pas leur mission. Donc en plus de tout ça, il y a une sorte de désertion des élites qui se moquent de ce qu’on leur raconte, qui méprisent absolument tout ce qui n’est pas eux, qui font comme si ce mouvement était infréquentable, d’où l’exaspération et la colère quand le gouvernement et le chef de l’État passent leur temps à insulter les Gilets Jaunes et à les réduire à des espèces de barbares.
» Soit vous changez et vous êtes capables de l’entendre soit il faut partir parce que vous n’allez pas indéfiniment mettre la France à genoux, puis à plat ventre. «
Les Français ne sont pas des barbares. Mais que voulez-vous qu’ils fassent à part se mettre en colère ? La violence est la dernière étape de la colère quand cette dernière n’est pas prise en compte. Ça ne l’excuse pas, ça l’explique. Le gouvernement préfère l’explication du barbarisme, du fascisme et de la xénophobie. Ce n’est pas du tout le cœur du sujet, même si les débordements sont condamnables. Mais j’ai envie de dire au gouvernement que cette colère existe, qu’il faut essayer de la comprendre en écoutant, qu’il est en train de faire fausse route dans les grandes largeurs, et qu’il faut ou changer de politique ou partir. Soit vous changez et vous êtes capables de l’entendre soit il faut partir parce que vous n’allez pas indéfiniment mettre la France à genoux, puis à plat ventre. Je désespère de voir les élites, ou prétendues élites, ne pas mettre toute l’énergie nécessaire pour essayer de comprendre, et que c’est leur modèle politique qui est en cause.
Que pensez-vous de la liberté en France, et particulièrement de la liberté d’expression ? Nous sommes en France et quand on a eu la chance comme moi de voyager dans beaucoup de pays, on se rend compte que nous sommes dans un pays de libertés. Tous les pays du monde n’ont pas cette chance. Cela étant dit, je suis le premier à reconnaître et à contester qu’il y a toujours eu une grande tentation des pouvoirs de faire en sorte que le Parlement soit un peu moins chahuteur, que l’opposition parle un peu moins fort et que le peuple se taise au lieu de protester. Ces derniers temps nous avons quand même eu une double évolution extrêmement néfaste.
» Il est incroyable qu’après 18 semaines de désordre en France, le ministre de l’Intérieur soit encore en poste. «
D’abord une forme de complaisance d’une grande majorité des organes de presse à l’égard du pouvoir en place, au point qu’il est incroyable qu’après 18 semaines de désordre en France, le ministre de l’Intérieur soit encore en poste. Sous aucun autre régime une telle chose n’aurait pu se produire, parce qu’il y a une complaisance à l’égard du pouvoir politique faisant que c’est le préfet qui trinque. Avant c’était la police ; maintenant c’est le préfet et la prochaine fois il n’y aura plus de fusible ; le prochain c’est le ministre de l’Intérieur. Mais cette complaisance fait qu’il est de très mauvais ton de critiquer le pouvoir en place et qu’on laisse dire des tas de bêtises sur les plateaux télévisés par les membres du gouvernement et par les membres de la majorité. Et on les laisse faire. Tout ceci participe à l’étouffement de l’intelligence. On attaque d’abord l’intelligence de ceux qui écoutent en les privant d’une partie de la vérité. C’est peut-être plus grave que la privation de la parole qui devient une obsession, parce que dans le texte qu’Emmanuel Macron a publié dans les 28 pays de l’UE, on veut qu’il y ait une législation européenne pour protéger les démocraties contre les attaques des fausses informations. On entre dans la paranoïa. L’objectif des Russes n’est pas tant de déstabiliser les démocraties européennes mais plutôt de voir que l’Europe les considère comme des ennemis jusqu’à faire manœuvrer militairement l’OTAN dans les pays baltes alors qu’objectivement cette Russie est un allié dans tous les combats que nous avons à mener contre les empires chinois et américain, contre l’islamisation et contre la marchandisation de tout.
» Personne n’a réussi à faire taire les Français. Ce n’est pas Macron qui y arrivera le premier. «
On inverse la vapeur. C’est pour cela que l’on fait une loi sur les fake news, texte que je ne comprends pas. Comment a-t-il pu être écrit ? Tous les législateurs qui ont écrit ce texte se sont déshonorés. Pourtant ils l’ont fait. Bien sûr qu’il y a une envie de restriction mais ceci ne fait que décupler chez moi une liberté de parole et de pensée et aussi mon injonction amicale à tous ceux qui veulent protester contre cette loi de le faire de plus en plus fort. Personne n’a réussi à faire taire les Français. Ce n’est pas Macron qui y arrivera le premier.
Propos recueillis par Stanislas Rigault