Je suis favorable à la préférence nationale en matière sociale » – Entretien avec le Salon Beige
Vous avez récemment déclaré que, parmi les points d’opposition avec le Front national, vous voyiez la préférence nationale, pourtant de plus en plus acceptée par l’opinion publique. Pouvez-vous préciser les raisons de votre opposition?
Je crois qu’il faut distinguer deux aspects dans la préférence nationale alors que les dirigeants du FN contribuent à entretenir la confusion. Il y a un volet économique d’une part, et un volet social d’autre part. J’ai dit – et je maintiens – que je suis hostile à la préférence nationale en matière économique : l’embauche d’un salarié ne relève pas de la responsabilité de l’Etat. C’est le chef d’entreprise qui embauche et en assure la responsabilité et les modalités. Il le fait en fonction des aptitudes et de l’adéquation du travailleur par rapport au poste à pourvoir, et non en fonction de sa nationalité.
Etes-vous alors favorable à la préférence nationale en matière sociale?
Oui. Je pense qu’il serait juste que l’Etat réserve les allocations sociales aux personnes ayant la nationalité française. Je rappelle que je suis, pour ma part, favorable à un regroupement de l’ensemble des allocations en une allocation que j’appelle « revenu de base », qui serait réservée aux citoyens français. Cette simplification permettrait d’ailleurs de lutter avec plus d’efficacité contre les détournements que le système des allocations, tel qu’il existe actuellement, permet en laissant la possibilité d’une ressource injustifiée pour son bénéficiaire et injuste pour les cotisants.
Beaucoup de commentateurs estiment que parler de préférence nationale est une option raciste et c’est l’une des raisons majeures du cordon sanitaire autour du FN. Quel est votre avis sur ce point?
J’ai dit à plusieurs reprises que j’étais tout à fait hostile à l’idée d’un cordon sanitaire. D’abord à l’égard d’un électorat qui n’a pas à être montré du doigt de la sorte, souvent d’ailleurs par les chantres du « vivre ensemble ». Quant au Front national, c’est un parti comme les autres (ou alors il aurait fallu l’interdire !), participant au débat public et proposant une offre politique avec laquelle on peut être en accord ou en désaccord, sur tout ou en partie. J’ai avec lui des oppositions de principe, qui sont clairement identifiées, comme le refus de l’étatisme, du laïcisme ou de la peine de mort. J’ai aussi avec lui des possibilités de vues communes, comme par exemple sur la nécessité de freiner drastiquement l’immigration légale et stopper l’illégale. En tout cas, je ne vois pas en quoi défendre la préférence nationale serait raciste. Je rappelle que le Front populaire avait jadis promulgué une loi en ce sens et jamais je n’ai entendu Léon Blum être traité de raciste. Encore une fois, mon opposition à ce qui est défendu au FN sous la terminologie « préférence nationale » tient à mon attachement aux libertés concrètes et au principe de subsidiarité : autant l’Etat est légitime pour fixer le cadre des contrats de travail, autant il n’a pas, en général, à s’immiscer dans la vie des entreprises et donc dans les modalités des recrutements. C’est effectivement un point de désaccord avec le FN.