« Il n’y a plus de consensus chez les Républicains. La droite est décomposée en trois morceaux. » Mon entretien à Le Point
Suite à l’échec de la droite au premier tour de l’élection présidentielle, j’appelle à une recomposition politique autour des conservateurs, sociaux et souverainistes.
Mon Interview avec Le Point le 27 avril est ici
Poisson : « Il n’y a plus de consensus chez Les Républicains »
Le président du Parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson, en appelle à une recomposition politique autour des conservateurs, sociaux et souverainistes.
Le Point : Christine Boutin, la présidente d’honneur de votre parti, appelle à voter en faveur de Marine Le Pen. Christian Estrosi vous demande de rompre avec elle. Que lui répondez-vous ?
Jean-Frédéric Poisson : Je constate qu’aucune personnalité des Républicains n’appelle Christian Estrosi à la raison, ce qui dit en long sur la faiblesse actuelle de ce parti. On a connu Christian Estrosi moins intransigeant quand il devait se tourner sur son côté droit par le passé. Ce n’est pas parce qu’il souhaite garder sa présidence de région en Paca qu’il est redevable à l’électorat de gauche, qu’il doit imposer sa décision à tout le monde. Par ailleurs, la position du Parti chrétien-démocrate est claire : nous n’appelons à voter pour aucun des deux candidats au second tour de l’élection présidentielle, et nous appelons chaque électeur à choisir selon sa conscience.
Avant même ce premier tour de la présidentielle, vous pressentiez que la droite devait se recomposer. Sur quelles bases ? Et quel rôle comptez-vous tenir dans cette recomposition ?
S’agissant de mon rôle, c’est trop tôt pour le dire. Mais oui, je travaille à la recomposition de la droite qui est aujourd’hui, à la faveur de cette élection, décomposée en trois morceaux, visibles à l’approche du second tour présidentiel. Il y a ceux, peu nombreux, qui sont déterminés à voter pour M. Macron et à travailler avec lui. Il y a ceux, plus nombreux, qui sont déterminés à voter pour M. Macron mais qui ne souhaitent pas travailler avec lui. Et enfin, il y a le dernier groupe, le plus nombreux – et notamment parmi les militants –, qui ne veut pas que M. Macron soit élu. Si bien que se confirme l’existence de cet espace politique autrefois représenté par Philippe de Villiers, Philippe Séguin et Charles Pasqua qui recouvre un conservatisme social, représentant une France indépendante et souveraine. Cet espace politique rencontre une attente dans l’opinion, et, à l’heure actuelle, n’a pas de mode d’expression formalisé.
Au fond, vous souhaitez la même chose que M. Macron : clarifier le paysage politique…
Oui, cet électorat est aujourd’hui éclaté entre quatre formations. Il y en a chez Nicolas Dupont-Aignan, une partie chez Les Républicains et une partie au Front national. Et bien sûr au Parti chrétien-démocrate.
Quelles sont les valeurs qui les rassemblent ?
Cet électorat conservateur et social est attaché à la personne humaine, donc à ses solidarités naturelles : la famille, l’association, l’entreprise, le territoire, la nation. Je conçois parfaitement que d’autres familles politiques choisissent de se regrouper prioritairement autour de l’attachement au marché ou à l’intervention de l’État. Ce n’est pas notre philosophie.
Cette élection a démontré la faillite des partis dits de gouvernement et la nécessité de recomposer profondément la vie politique autour des vraies différences, qui perdurent dans les diverses opinions politiques. Tout le monde en a besoin. Et ces mêmes formations politiques paient également de nombreux renoncements à défendre les valeurs sur lesquelles ils étaient pourtant fondés. Nous ne sortirons de cette crise politique que lorsque nous aurons mis fin à ce décalage entre le centre de gravité des partis et le centre de gravité des électorats. Les partis, LR et PS, se sont constitués comme des cartels électoraux. Cette organisation a explosé dimanche dernier. S’y accrocher n’a aucun sens.
Le PCD est associé au parti Les Républicains. Faut-il rompre cette alliance pour hâter la recomposition que vous souhaitez ?
Le PCD n’est pas dans LR mais à côté, il n’a donc pas besoin d’en sortir ! Mais prenons par exemple Alain Juppé. Il se dit gaulliste, humaniste, social. Mais je ne vois plus très bien ce qu’il y avait de gaulliste dans son programme… Je constate en revanche que sur la question de l’Europe, de la famille et de la place de l’islam, il n’y a plus de consensus chez Les Républicains.
À l’issue du terrible quinquennat Hollande, c’est même toute la société française qui n’est plus consensuelle sur trois plans fondamentaux : la famille, l’économie de marché comme principe d’organisation et la solidité des institutions. La fin de ce consensus politique et social est un problème pour les formations politiques comme pour notre cohésion sociale dans son ensemble.
Fort de ces considérations, au final, lors du second tour, il faudra faire un choix : pour qui voterez-vous ?
J’irai voter. Mais je réclame, comme pour tous les autres citoyens, le droit au secret de l’isoloir.