Guerre d’Algérie: «François Hollande ne doit pas se rendre aux cérémonies du 19 mars»
Retrouvez ma tribune pour le FigaroVox : « Guerre d’Algérie: François Hollande ne doit pas se rendre aux cérémonies du 19 mars. »
La présence officielle de François Hollande aux cérémonies de commémoration du 19 mars, faisant mémoire de la signature des accords d’Évian et de la soi-disant fin des combats de la guerre d’Algérie, est annoncée.
Chacun connait les controverses douloureuses dont cette date est entourée. La participation du chef de l’Etat à cette commémoration sera une première pour un Président de la République. Jacques Chirac avait fixé la date du 5 décembre pour une unique commémoration officielle des combats d’Afrique du Nord. Ce faisant, il était parvenu à préserver ce devoir de mémoire de toute volonté de récupération comme de tout ressentiment. En décidant d’officialiser par sa présence la date – certes des accords d’Evian, mais combien douloureuse cependant – du 19 mars, François Hollande s’engage dans une récupération politique et provoque un large ressentiment.
Sans doute veut-il par cette décision inédite en faire un événement qui le placerait dans l’Histoire? Elle est en fait une insulte pour de nombreuses familles de soldats et de rapatriés au sang versé et aux larmes mêlées.
Cet acte illustre une forme de constance de son quinquennat: alors que le Président de la République devrait incarner l’unité nationale, il n’aura eu de cesse de dresser les Français les uns contre les autres.
Pourquoi manipuler l’Histoire de notre pays en occultant ou niant sa réalité? Pourquoi insulter la mémoire de ceux de nos compatriotes qui se firent tuer dans ce conflit? Pourquoi cultiver ce déni de vérité d’un cessez-le-feu bafoué par des massacres d’après mars 1962 comme à Oran en juillet de cette même année? Pourquoi diviser une fois encore le peuple de France par une posture mémorielle idéologique? Pourquoi vouloir affranchir les Français à leur insu de leur devoir de reconnaissance envers les harkis, les rapatriés et leurs familles, éternels abandonnés de notre récente histoire, et qui ont connu dans leur chair meurtrie et par leur vie offerte le sacrifice pour la France?
Monsieur le Président, votre émotion affichée en ce jour du 19 mars, faisant écho aux si poignantes sonneries aux morts contraintes d’être jouées, sonne déjà faux. Les Français supportent de moins en moins vos compromis et vos postures, ces faits du prince qui abîment leur histoire, l’honneur d’un peuple, le crédit de la France.
Par respect pour tous les disparus, tous les rapatriés et tous les harkis, pour tous les Français, militaires et civils, qui ont payé dans leur chair ou de leur vie le drame de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, j’invite les Français à réserver leur hommage aux cérémonies du 5 décembre. Par souci d’unité nationale.