Discours lors du rassemblement en faveur des chrétiens d’Orient le 14 juin dernier
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je suis heureux de voir comme Député et comme Président du Parti Chrétien-Démocrate, que vous êtes nombreux à avoir répondu à notre appel de cet après-midi, et en quelque sorte à avoir bravé le beau temps pour venir manifester votre soutien aux populations du Moyen-Orient.
Après les interventions qui ont été faites tout à l’heure, j’ai deux choses à vous dire.
La première c’est que malheureusement depuis plus de 40 ans maintenant, les Chrétiens d’Orient servent de variable d’ajustement aux diplomaties occidentales. C’était vrai pour les Chrétiens du Liban il y a 40 ans, c’est vrai pour les Chrétiens de Syrie depuis quelques années, c’est de plus en plus vrai pour les Chrétiens d’Irak depuis, grosso modo, que la guerre entre les Sunnites et les Chiites avec l’Irak s’est étendue sur cette partie du territoire.
Deuxièmement, nous sommes non seulement face à une crise politique majeure, mais nous sommes confrontés à une guerre qui durera sans doute très longtemps entre les Sunnites et les Chiites dans cette région. Cette guerre, l’Occident ne la comprend pas. Elle ne comprend pas non plus la volonté d’un certain nombre de Sunnites terroristes qui sont en train de constituer autour de Mossoul et sur les terres du Kurdistan, un Etat qui promet d’être riche, puissant, très déterminé à porter la violence en dehors de ses propres frontières.
Malheureusement, la diplomatie française, et ça n’a pas commencé avec ce gouvernement, a ignoré les dangers que représentaient des alliances beaucoup trop solides avec des gens qui sont nos ennemis sur le plan économique comme ils le sont sur le plan culturel et diplomatique. Je parle des Saoudiens, du Qatar et de quelques autres Etats dont le respect des droits de l’homme et de l’intégrité des territoires ne sont pas la première préoccupation.
Cet après-midi nous sommes peu nombreux : mais ce n’est pas parce-que nous sommes peu nombreux que la cause n’est pas juste, c’est ce que nous croyons. Il y avait plusieurs appels tout à l’heure à mobiliser l’ensemble des responsables politiques, il y en a un devant vous, croyez bien que je m’emploie à sensibiliser mes collègues et le gouvernement sur ce sujet.
Il ne faut pas s’étonner qu’un gouvernement qui méprise les Chrétiens sur son propre sol soit peu enclin à les défendre en dehors de son territoire.
Je termine en disant que malheureusement les troubles que nous voyons aujourd’hui et qui nous inquiètent ne sont pas près de se terminer. J’étais à Beyrouth il y a quelques mois, je peux dire que j’ai entendu de mes oreilles ce que Monsieur Haddad disait tout à l’heure sur ce que vivent les Chrétiens de Syrie qui sont majoritairement orthodoxes comme vous le savez. Et même si je ne suis pas un supporter fervent du président Russe, je regrette infiniment, qu’aujourd’hui la Russie soit la seule grande puissance dans le théâtre international a avoir ouvertement, fermement, clairement et matériellement pris la défense des Chrétiens de Syrie et au-delà des Chrétiens d’Orient.
Quel devrait être le rôle de la France ?
La France a décidé de ne pas se montrer ou ne pas le jouer. Cela n’est pas perdu, nous sommes ici quelques dizaines, peut-être deux centaines, et il y a d’autres personnes qui connaissent notre rassemblement, qui entendent sans doute ce que nous disons, et je ne peux témoigner que d’une chose : plus nous serons nombreux à alerter les pouvoirs publics, à sensibiliser les élus, qu’ils soient parlementaires ou pas, localement, les maires, les élus départementaux, bien sur les membres du parlement, et ici à nous manifester, y compris auprès des médias, et plus nous aurons de chances de sensibiliser un peu d’avantage l’ensemble des pouvoirs publics à ce qui nous attend dans cette partie du monde.
Ce qui nous attend, ce n’est pas simplement un épisode parmi d’autre, nombreux, des querelles locales entre différentes confessions musulmanes. Ce n’est malheureusement pas un nouvel avatar du massacre des Chrétiens qui servent de variable d’ajustement y compris aux luttes locales. C’est bien plus que ça.
Il y a derrière la disparition progressive des Chrétiens d’Orient un enjeu de civilisation pour le monde entier, pour l’humanité toute entière et aussi pour les pays occidentaux. Il est très regrettable que nous devions rappeler ces éléments aux pouvoirs publics, à ceux qui exercent aujourd’hui les responsabilités gouvernementales, mais ce rappel est notre devoir et je vous engage personnellement à avertir dans votre entourage tous ceux que vous connaissez, prendre tous les moyens pour sensibiliser nos responsables politiques sur cette cause, et faire en sorte qu’au moins vous puissiez vous dire en votre fort intérieur j’aurais alerté ou j’aurais prévenu celui que je devais prévenir.
A l’Assemblée nous ferons ce travail, nous avons besoin de vous pour que vous le fassiez depuis l’extérieur.