Charlie Hebdo- « Il faut expulser du territoire des personnes qui n’ont rien à y faire. »
Attentat Charlie Hebdo : retrouvez mon intervention et celle de mon ami Xavier Lemoine, vice-président du PCD et maire de Montfermeil (20 premières minutes) dans l’édition spéciale de Radio Notre-Dame.
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Alexandre Meyer : Xavier Lemoine, quelle est votre réaction face à cet attentat ?
Xavier Lemoine : Je tiens à exprimer ma compassion et ma solidarité vis-à-vis des journalistes et du personnel de Charlie hebdo, et des forces de l’ordre. Je n’appréciais pas forcément Charlie Hebdo mais la liberté d’expression doit être protégée.
Il s’agit certes de représailles, mais ce n’est pas la seule explication. Ces représailles viennent après une succession de faits isolés, dans une ambiance globale et une situation nationale et internationale qui ne permettent pas d’isoler le mot représailles. C’est peut-être une explication, une justification supplémentaire : ce n’est pas, me semble-t-il, la seule.
Après, qu’est-ce qu’un homme politique peut ou doit dire ? C’est là toute la difficulté.
Je crois qu’il faut d’abord poser la distinction entre l’islam, système politico-religieux et les hommes et les femmes qui sont de cette culture ou de cette confession-là, qui sont chacun animé d’une liberté et d’une volonté. Cette distinction radicale permet ensuite, sur le système politico-religieux de l’islam, de dire que le soufisme est dans le Coran, comme l’islamisme est dans le coran, et que c’est une question de degré et non pas une question de nature.
Je pense qu’en disant cela, quand bien même cela va à rebrousse-poil de ce qui est dit par un certain nombre de responsables politiques, on rend service aux hommes et aux femmes qui sont de cette culture ou de cette confession-là, pour que l’on puisse après continuer à faire le discernement et à ne pas commettre d’amalgames qui seraient extrêmement dangereux entre le système et les hommes et les femmes qui relèvent de cette culture et de cette confession-là.
Tout dans le Coran peut justifier ce qui s’est passé ce matin, tout comme ce qui se passe en Syrie et en Irak peut être justifié par ce qui est dans le Coran. De même, quelqu’un qui aurait fait des choix personnels au regard d’une lecture personnelle du Coran en choisissant tel aspect plutôt que tel autre peut relever d’un soufisme, d’une bienveillance, et d’une civilité qui n’est pas dans l’agression, la conquête, la soumission.
Alexandre Meyer : Les forces de l’ordre sont–elles insuffisamment préparées à ce type d’attaque ?
Xavier Lemoine : Il y a des progrès dans la maitrise terroriste : à l’évidence ces deux hommes revenaient –ils d’un champ de bataille syrien ou irakiens, ou ont–ils reçu des entrainements in situ. Leur technicité et leur détermination en témoignent.
Parmi les réactions des responsables politiques, ils mettent en cause « les extrémismes religieux. » Charlie hebdo vise de manière récurrente l’église et d’autres confessions présentes en France. S’ils ont écopé de quelques procès, c’est bien tout le mal qu’ont pu lui faire les religions traditionnelles jusqu’à ce jour. Cet amalgame-là vous semble-t-il insupportable aujourd’hui ?
Xavier Lemoine : Cet amalgame fait partie du discours récurrent pour ne pas avoir à se prononcer sur le fond, au regard de ce que j’ai dit au début de l’émission, et de vouloir renvoyer dos à dos les religions, en omettant de rappeler que la religion catholique, pour sa part, a un corps de doctrine, qu’elle a un chef et que ce chef, par sa parole et ses actes, engage l’ensemble de l’institution et des fidèles, quand bien même les fidèles peuvent être complètement en décalage, ce qui s’appelle le péché au regard de ce qui dit l’église.
Alexandre Meyer : Jean-Frédéric Poisson, quelle est votre réaction face à cet attentat ?
Jean-Frédéric Poisson : C’est d’abord la réaction des Français ce soir : on voit des rassemblements dans beaucoup de grandes villes en France, à la fois de très grande horreur face à un acte barbare, atroce, presque inqualifiable au fond, une très grande tristesse aussi car on aimerait que notre pays soit à l’écart de ce genre d’événement tragique et en même temps une très grande détermination, car il est temps de voir clair sur un certain nombre de facteurs qui ont conduit à cette situation, qui l’ont nourrie : il y a des facteurs extérieurs, il y a des facteurs intérieurs. Il n’est pas nécessaire de faire ou de laisser venir des étrangers sur notre sol pour assister à de tels phénomènes . Il y a malheureusement, dans beaucoup de nos banlieues, des personnes qui sont capables de commettre de tels actes. Je ne sais pas d’où viennent celles qui ont frappé aujourd’hui mais il est certain que ce n’est pas l’étranger qui est en cause ici, c’est notre incapacité à traiter de façon équitable et proportionnée deux dimensions qui coexistent dans la religion musulmane. La première est empreinte d’une grande richesse de civilisation, de raffinement, de culture artistique, culinaire, musicale, et la seconde, avec la même justification, les mêmes enracinements idéologiques, est empreinte des actes de barbarie d’aujourd’hui. Aujourd’hui, en France, au-delà de l’émotion et de la tristesse qui assaillent les Français, il est temps de voir clair, et j’attends de l’intervention de François Hollande tout à l’heure une très grande fermeté à l’égard de cet aspect de la religion musulmane qui est barbare, qui ne demande qu’à continuer de l’être, et à l’égard duquel nous avons jusqu’ici fait preuve d’une assez grande faiblesse.
Alexandre Meyer : Comment fait-on pour tourner le dos à cette faiblesse ?
Jean-Frédéric Poisson : Que ceux qui connaissent nos villes, nos banlieues, sachent parfaitement où sont les foyers de l’intégrisme islamique, qui sont les personnes qui alimentent ces réseaux, qui les financent, qui leur permettent de vivre. Il est temps de prendre des décisions extrêmement fermes sur l’expulsion pure et simple du territoire des personnes qui n’ont rien à y faire, de condamnation pure et simple de journaux : j’ai cru voir il y a quelques jours qu’une revue nouvelle sur le djihad était publiée en France, que ce soit sur internet ou par papier ! Nous sommes dans un Etat aujourd’hui qui est un Etat de combat. Beaucoup d’entre nous, à l’Assemblée nationale, sont extrêmement émus. Mais nous sommes des responsables politiques, et l’émotion ne doit pas nous empêcher d’y voir clair ni d’agir ni d’être fermes. Et je crois que les Français attendent cette fermeté malgré la tristesse qu’ils éprouvent.