Attentat de Nice – « La prorogation de l’état d’urgence n’est pas la bonne réponse. »

Suite à l’attentat de Nice, notre pays est plongé dans la tristesse et l’inquiétude.

Un récent sondage l’indique : la grande majorité des Français ne font pas confiance au gouvernement pour lutter contre le terrorisme, et ils sont en colère. Nous avons pu le constater aujourd’hui à Nice, lorsque le Président de la République et le Premier Ministre ont été hués à l’issue de la minute de silence en hommage aux victimes.

Le gouvernement annonce une prorogation de l’état d’urgence : je crois que les Français n’y croient plus.

Nous avons eu raison d’entrer dans l’état d’urgence après les attentats de novembre 2015. Cela a permis de démanteler de nombreux réseaux, d’assigner à résidence des personnes dangereuses et d’empêcher plusieurs attentats sur notre territoire.

Malgré tout, en tant que rapporteur de la mission de contrôle sur l’application de l’état d’urgence, je ne peux que constater que son efficacité s’amoindrit considérablement avec le temps et qu’il n’est plus la réponse. Il est indispensable de mettre en place d’autres dispositifs.

Car, que permet l’état d’urgence ? L’état d’urgence permet notamment d’assigner à résidence des personnes considérées comme dangereuses pour la sécurité publique ou d’effectuer des perquisitions de nuit. L’efficacité de ce dispositif réside donc dans sa brièveté et son caractère soudain. Passé l’effet de surprise, les surveillés se réorganisent. Il n’y a plus d’ailleurs actuellement qu’une trentaine d’assignés à résidence et plus de perquisitions.

N’étions-nous pas dans l’état d’urgence lorsque l’attentat a eu lieu ? Ce n’est pas l’état d’urgence qui nous protégera désormais. Le gouvernement laisse penser que seul l’état d’urgence peut nous protéger. Dans ce cas, pourquoi avoir décidé de le stopper alors que la menace terroriste était extrêmement élevée ? Dans ce cas, pourquoi l’arrêter un jour ?

Pour ma part, je pense qu’il est temps de s’attaquer à l’absence totale d’intervention du ministère de la justice dans les prisons, véritables incubateurs de menace terroriste, à une politique pénale qui conduit à libérer de manière anticipée des personnes qui devraient rester incarcérées, aux problèmes d’effectifs qui expliquent les creux dans l’organisation des contrôles quand on suit la courbe des opérations, au cas des islamistes qui diffusent des messages de haine dans les mosquées, les prisons ou sur Internet, et de revoir nos alliances avec des pays complices du terrorisme comme l’Arabie saoudite ou le Qatar.

Nous payons aujourd’hui une politique étrangère absurde ainsi qu’une grande lâcheté à l’égard des islamistes.

Il y aura d’autres attaques. Nous devons nous y préparer et mettre en oeuvre l’ensemble des moyens pour anéantir Daech. Les temps d’hommage aux victimes, si essentiels soient-ils, ne suffisent pas. L’état d’urgence n‘est plus la réponse. Il faut une réponse militaire, sécuritaire et judiciaire. Nous avons toutes les armes. Reste à avoir de la fermeté et de la volonté politique, ce que ce gouvernement n’a pas.

 

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