Mon interview dans Valeurs actuelles : « La période où nous pouvions subir l’influence de la gauche est révolue »
Entretien avec Jean-Frédéric Poisson
La droite s’intéresse beaucoup aux problèmes économiques, moins aux questions de société. Pourquoi ?
La gauche elle-même a longtemps mis l’accent sur l’économie. La révolution passait par la mainmise de l’Etat sur les moyens de production. Elle n’y a pas renoncé, la politique de redistribution que mène aujourd’hui le gouvernement le prouve : la pression fiscale n’a jamais été aussi forte. Mais cette volonté de révolution économique s’est doublée plus récemment d’une volonté de révolution socioculturelle qui passe par la mise au pas, voire la destruction de certaines institutions. Pour la gauche, «changer la vie », c’est d’abord changer la famille ! La droite a mis du temps à réagir, c’est vrai, mais elle en est maintenant pleinement consciente. En témoigne le combat que nous menons en faveur du mariage civil, menacé par les projets du gouvernement.
Pas de soumission intellectuelle à la gauche ?
La période où nous pouvions subir l’influence de la gauche est révolue. Chacun l’a bien compris : la gauche au pouvoir n’est jamais inerte. La dernière fois, Lionel Jospin avait créé le Pacs, placé les allocations familiales sous conditions de ressources, autorisé l’avortement à douze semaines – sans oublier la régularisation massive des immigrés clandestins. Et il n’était que premier ministre !
Et cette fois ?
Cette fois, François Hollande veut imposer le mariage homosexuel, autoriser la recherche sur l’embryon humain, légiférer sur l’euthanasie, raboter le quotient familial, scolariser les enfants dès l’âge de 2 ans et leur imposer sa morale laïque dans le but – je cite Vincent Peillon – d’« arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel » ! Ajoutez à cela la prétention de lutter, dès la maternelle, contre les “stéréotypes sexuels” tels que les définit Nadjat Vallaud-Belkacem et vous l’aurez compris : jamais l’Etat n’aura embrassé aussi largement l’éducation des enfants. On n’est pas loin du fantasme de l’homme nouveau… Et je ne parle pas de la contraception gratuite pour les collégiennes, ni de l’ouverture de salles de shoot ! Il faudra d’ailleurs m’expliquer comment l’Etat peut ouvrir ces centres d’injection sans abroger le délit d’incitation à la consommation. On le voit, la gauche n’a pas renoncé au programme de l’Internationale socialiste : la révolution à petit feu !
François Hollande a quand même renoncé au droit de vote des étrangers…
Oui, mais Manuel Valls vient d’élargir les critères d’acquisition de la nationalité française ! Il prépare aussi une nouvelle circulaire de régularisation des étrangers en situation irrégulière. Du reste, François Hollande aurait-il renoncé au droit des vote des étrangers non-communautaires si les élus socialistes eux-mêmes ne l’en avaient pas dissuadé ? C’est parce qu’ils conservent ce lien avec le terrain que le gouvernement a recouvré la raison. Qu’en sera-t-il si l’on interdit aux parlementaires d’exercer un mandat local et que la gauche introduit la proportionnelle ? Ce sera le règne des partis. Nous sommes dans une mécanique de type IVe République. La gauche fait tout pour conserver le pouvoir. Comment ? En accroissant sa masse électorale, en imposant aux parlementaires la tutelle des partis, en confiant à des exécutifs très politisés tous les pouvoirs d’aménagement – car c’est bien à cela qu’aboutira la troisième phase de la décentralisation : le gouvernement veut transférer aux régions la politique du logement, l’aménagement du territoire, la formation professionnelle, l’environnement et même, en partie, la politique économique !
Que doit faire l’UMP ?
D’abord préserver son unité ! Ensuite, retrouver ses fondamentaux. Au motif d’affranchir les hommes, la gauche veut les déraciner. Elle n’admet aucune limite au vouloir humain. La gauche, c’est le règne du droit positif au mépris du droit naturel, de l’artifice au mépris des réalités. La droite est plus humble : elle reconnaît qu’il existe des limites naturelles à la volonté de puissance. L’autre point capital, c’est que la droite croit en la nécessité de respecter les corps intermédiaires : la famille, l’entreprise, les associations. Ce sont autant de limites au pouvoir de l’Etat. La gauche, elle, a la tentation d’affaiblir ces corps intermédiaires (sauf les associations qui la soutiennent !) au nom de l’égalitarisme. C’est pour cela qu’il faut défendre la famille et le mariage. J’ai participé à la manifestation du 17 novembre. Je me réjouis de son succès. Je suis persuadé que Lionel Jospin a perdu, en partie, la présidentielle de 2002 lors des débats sur le Pacs. Il est donc capital de se mobiliser pour la manifestation nationale du 13 janvier.
Propos recueillis par Fabrice Madouas
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