TRIBUNE – La PMA sans Père : une rupture avec l’écologie intégrale
Jean-Frédéric Poisson, Président du PCD et Docteur en philosophie, spécialiste des questions bioéthiques, vient de publier une tribune dans Valeurs Actuelles (n°4319-05/09) pour dénoncer le projet du Gouvernement d’ouvrir la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules. Dans sa dernière vidéo, Jean-Frédéric Poisson démontrait déjà l’incompatibilité entre PMA sans père et écologie. Voir ou revoir cette vidéo en cliquant ICI.
Pourquoi la loi de bioéthique représente une rupture définitive avec l’écologie humaine intégrale
Par Jean-Frédéric Poisson, le 5 septembre 2019
L’ouverture de la PMA aux couples de femmes prévue par le projet de loi Buzyn représente une rupture définitive avec l’écologie humaine intégrale.
L’importance du respect de la nature, la protection des générations futures ou encore le principe de précaution sont omniprésents. Ils semblent pourtant évacués des débats de bioéthique. Alors qu’une véritable écologie devrait se soucier tout autant dela dégradation de nos normes éthiques que de celle de notre environnement. Car la finalité est la même : préserver les conditions d’une vie digne pour l’Homme.
Alors que les députés ont commencé leurs travaux sur l’évolution de la loi de bioéthique, il faut que les Français sachent. Envisager l’accès à la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes et les femmes seules suppose de rompre gravement et définitivement avec l’écologie humaine intégrale. Les dérives d’une telle mesure nous concernent tous.
La première d’entre elles est que, avec la légalisation de la conception d’orphelins de père, c’est la négation de l’altérité, l’absence d’un référent masculin dans la construction de la personnalité de l’enfant et l’impossibilité de s’inscrire dans une filiation qui sont promues comme une norme, ce que la nature dément. Devant cette évidence, les pro-PMA tentent de convaincre. Tout serait prévu pour permettre l’accès sous condition aux origines. Sauf que ce sera une “usine à gaz”, qui
découragera de plus les donneurs de gamètes déjà rares. Le Comité consultatif national d’éthique, qui a hypocritement donné son feu vert à cette réforme, prévient pourtant sur la potentielle dérive que serait la rupture du principe de gratuité des dons, donc les « perspectives de marchandisation des produits du corps humain » .
Autre sujet qui doit alerter : avec la suppression du critère d’infertilité dans l’accès à la PMA, la médecine se voit une nouvelle fois détournée de son objectif thérapeutique, ainsi que l’acte lui-même. On peut en effet objectivement craindre que des couples sans difficulté à procréer passent malgré tout par la PMA pour avoir la possibilité de trier les embryons et combler ainsi leur désir d’un bébé “comme je veux”. Comment ne pas voir alors le risque en France, comme cela se pratique déjà ailleurs, d’un grave dévoiement eugéniste d’une certaine médecine ?
Enfin, malgré les promesses du gouvernement, comment croire que la PMA sera l’ultime étape du “progrès” bioéthique ? Avec la PMA sans père, qui entend remédier à la prétendue discrimination que subissent les femmes “en situation d’infertilité sociale”, les “mères porteuses” et la “location de ventre” seront, avec la GPA, légalisées, dans la logique du droit à l’égalité pour les couples d’hommes ou les hommes seuls.
Faisons preuve de lucidité ! Avec la PMA sans père, nous sommes aux antipodes d’une écologie respectueuse de l’Homme. Derrière le projet de loi d’Agnès Buzyn se profile un Homme de plus en plus manipulé, réduit à n’être qu’une “chose” soumise aux lois des désirs individuels et de la marchandisation. Ce qui était déjà en germe dans les lois successives IVG, Pacs, “mariage pour tous”…
Est-ce ce monde-là que nous voulons pour nos enfants ?