Ce fut un grand honneur pour moi de recevoir, ce jeudi 2 juin à l’Assemblée Nationale, Monseigneur Audo, Cardinal d’Alep, et Monseigneur Ramzi Garmou, Evêque chaldéen d’Iran.
Monseigneur Audo a exposé la situation difficile des chrétiens de Syrie, dont plus de la moitié a fui le pays depuis 5 ans à cause des violences et de l’insécurité. Alep, qui comptait 160 000 chrétiens en 2011, en compte aujourd’hui 30 000. Il plaide pour une solution politique, pas pour une solution militaire qui aujourd’hui divise et détruit la Syrie.
Monseigneur Ramzi a quant à lui déclaré que sur 80 millions d’iraniens, il ne restait que 70 000 chrétiens aujourd’hui. En Iran, les chrétiens peuvent pratiquer leur foi dans les lieux de culte reconnus par le régime, mais tout prosélytisme est interdit, et la conversion à toute autre religion que l’Islam n’est pas autorisée. Des centres de catéchuménat sont régulièrement fermés.
Cette rencontre prolonge une série de déplacements et d’entretiens que j’ai menée ces derniers mois en faveur des chrétiens d’Orient. Ainsi, la semaine dernière, je m’entretenais personnellement avec le Grand Imam de la mosquée du Caire Al-Azhar, principal centre théologique du sunnisme dans le monde, qui a rencontré le pape à l’occasion de ce voyage en Europe. Son influence est capitale : il s’est donné pour mission de renouveler la pensée islamique pour contrer le jihadisme.
Vice-président du groupe d’études sur les chrétiens d’Orient à l’Assemblée Nationale, Président de la mission d’information parlementaire sur les moyens matériels et financiers de Daech, j’ai effectué de nombreux déplacements au Moyen-Orient et en Afrique depuis un an. Turquie, Maroc, Syrie, Liban, Egypte, Irak, Lybie… A chaque fois, j’ai rencontré des chrétiens en grande souffrance, j’ai visité des camps de réfugiés et je me suis entretenu avec des hauts responsables politiques et religieux.
Pouvoir parler avec les personnes en situation de responsabilité sur le terrain et non pas depuis les sièges de parti politique ou des plateaux télévisés : c’était mon objectif car c’est seulement ainsi que nous ferons changer les choses.
Ainsi, ces derniers mois, à deux reprises, j’ai rencontré Bachar El-Assad en Syrie. Ma conviction est que nous ne pourrons combattre efficacement Daech qu’en travaillant avec lui, ce qui n’a en rien valeur de caution sur sa politique. Au Maroc, en mars dernier, j’ai rencontré les responsables des ministères clés et les représentants du peuple marocain. J’ai aborder avec eux les questions qui intéressent directement la France : la formation des imams, la lutte contre le terrorisme, le contrôle des flux migratoires, le développement économique.
J’ai aussi organisé différents événements pour appeler à la mobilisation sur la situation des chrétiens d’Orient : conférence de presse avec le patriarche orthodoxe d’Antioche, colloque sur la liberté religieuse avec l’AED, conférence du Père Boulad (Centre Culturel Jésuite d’Alexandrie) sur l’islamisme, dîners de bienfaisance et conférences.
Toutes les initiatives pour aider les chrétiens aujourd’hui sont les bienvenues. On ne peut qu’encourager les actions menées par l’Eglise, les ONG, les pouvoirs publics, les politiques, des œuvres chrétiennes. J’incite tous ceux qui le peuvent à les soutenir.
Comment ne pas voir un génocide dans ces massacres, déplacements et autres exécutions sommaires qui sont clairement une éradication des chrétiens de cette partie du monde? Si l’accueil de réfugiés doit s’envisager avec prudence et dignité, l’objectif politique ultime que nous devrions poursuivre aujourd’hui devrait être prioritairement de permettre aux chrétiens d’Orient de vivre sur leur territoire. La France ne peut rester sourde aux massacres des chrétiens d’Orient et d’Afrique. Leur protection fait partie de ses missions internationales, de sa vocation même.
Nous devons nous lever en masse pour que les chrétiens puissent vivre, vivre en paix, vivre rester chez eux.
Je m’y emploie avec détermination, avec votre soutien et vos nombreux encouragements qui sont précieux. Continuons, ensemble.