Interview de Jean-Frédéric Poisson dans L’Incorrect : « Nicolas Dupont-Aignan n’aime pas les chrétiens »

Le président du Parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson, ne figurera pas sur la liste conduite par Nicolas Dupont-Aignan, dévoilée ce jeudi 28 mars. Une profonde déception pour l’intéressé.

Vous attendiez-vous à être exclu de la liste de Nicolas Dupont-Aignan, conduite sous les couleurs des « Amoureux de la France » dont vous êtes l’un des fondateurs ?

Absolument pas. Ces derniers jours, nous avions eu des discussions un peu vives, ce qui est logique avant une présentation de liste. Mais M. Dupont-Aignan et moi-même avions formalisé un accord, dont j’ai les traces écrites, où la 5e place devait m’être attribuée. Restait en suspens la place attribuée à d’autres membres de mon parti, le PCD, et c’était selon moi le seul objet de nos tractations. Je n’imaginais pas que M. Dupont-Aignan puisse revenir sur son engagement avec un tel manque de vergogne. Moi, je suis issu d’une culture dans laquelle un décideur qui prend un engagement, de plus écrit, respecte sa parole. M. Dupont-Aignan vient de démontrer qu’il en était incapable, et qu’il n’est définitivement pas digne de confiance.

Quelle est la raison profonde de votre éviction ?

Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage. Mais noyer un Poisson est plus difficile. M. Dupont-Aignan argue de ce que j’aurais voulu faire une liste dans son dos avec Emmanuelle Gave, ce qui est un mensonge éhonté, malheureusement relayé par vos confrères, notamment Le Figaro, alors que j’ai démenti cette rumeur. La vraie raison au fond, c’est que M. Dupont-Aignan refuse l’idée d’un rassemblement en 2022 pour battre Emmanuel Macron. Il refuse le conservatisme que je porte, et préfère rester dans un vase clos souverainiste. Il ne comprend pas que l’avenir, le seul avenir, c’est l’alliance des souverainistes et des conservateurs, où soit donnée leur juste place à l’enracinement et à l’identité. Dans le fond, Nicolas Dupont-Aignan n’aime pas les chrétiens et refuse de les comprendre. C’est malheureux puisqu’au PCD, nous essayons précisément de porter dans le débat politique la doctrine sociale de l’Église. Ce qui me fait dire qu’en réalité nous étions dans son collimateur depuis le début.

« NDA refuse le conservatisme que je porte, et préfère rester dans un vase clos souverainiste. »

Mais vous ne vous en doutiez pas ?

Non, pour ma part j’étais dans une logique de rassemblement, et le rassemblement implique des différences originelles, par principe. C’était le sens des « Amoureux de la France », dans ma tête. Pas dans celle de M. Dupont-Aignan apparemment, qui aujourd’hui a réussi à rassembler « Debout la France ». On peut admirer la performance. Mais il n’a aucun horizon politique et de fait va participer à reconduire Emmanuel Macron en 2022. Notons qu’en sus il y a une contradiction terrible à se dire représentant des Gilets jaunes quand on reproduit tout ce que ces Français détestent, soit les petits arrangements de l’entre-soi élitaire.

Qu’envisagez-vous aujourd’hui ?

À cette heure, je n’exclus rien. Je continue à penser que seule une alliance est susceptible de redresser le pays et de battre Emmanuel Macron en 2022, une alliance sur un programme commun qui dépasse les petites susceptibilités personnelles.

Mais une alliance avec qui ?

Tout est possible, je vous le répète. Je vois bien que les catholiques français, s’ils ne votent pas toujours pour moi, me respectent et ont de l’estime pour moi et le programme que je porte. Je sens une attente formidable pour cette logique d’alliance – et encore plus depuis ce matin où affluent les messages de soutien et de colère devant cette opportunité gâchée.

Propos recueillis par Jacques de Guillebon

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