Tribune : « La mission d’une grande formation de droite ? Etre à droite ! »
La conjonction du scrutin européen du 25 mai et des affaires internes qui bousculent l’UMP invite et oblige la droite française à réfléchir énergiquement à son avenir, et pourquoi pas à une recomposition.
L’installation, même provisoire, de trois anciens Premiers ministres (dont la responsabilité personnelle dans ce chaos est tout de même également engagée…) à la tête de l’UMP, à titre de transition, règle peut-être, provisoirement, la question de sa gouvernance. Mais elle ne règle pas la question centrale : que doit être le socle politique de la principale famille de la droite et du centre-droit ?
Avec les décisions installant un prochain congrès de l’UMP à l’automne fleurissent les déclarations annonçant la nécessité d’un rapprochement avec le centre. Il faudrait d’abord clarifier le contenu d’un tel rapprochement, mais à titre préliminaire, on peut déjà dire clairement ce qu’il ne doit pas être : la conversion définitive de la droite française à une vision social-démocrate, ne correspondant pas au rôle que doit assumer une grande formation de droite en France, ni à l’attente de ses électeurs, de ses sympathisants, de ses élus et de ses militants.
Comme à toute grande formation politique, il revient à l’UMP et à ses alliés d’assumer la mission de défendre les valeurs dites « conservatrices » dans le débat public. On peut en donner quelques exemples: la promotion de la famille ; l’opposition au droit de vote des étrangers ; une place juste accordée à la liberté religieuse ; le refus d’une organisation européenne fédérale dans laquelle se dissoudrait notre pays ; une conception à la fois souple et humaine des relations de travail et de l’économie libre d’entreprise ; le fait de consulter le peuple français sur les questions importantes et la reconnaissance de son droit à le demander ; etc.
Mais n’oublions pas qu’à ces positions de principe s’ajoutent les attentes des français liées à la crise. Comment lutter contre le sentiment d’abandon ressenti par beaucoup et qui est la première raison du vote FN ? Que répondre à ceux qui s’inquiètent de l’absence de vrai traitement de fond de la pauvreté ? Que dire sur la nécessaire nouvelle répartition des richesses et le recul du chômage ? Qui est suffisamment neuf ou neuve pour être cru(e) lorsqu’il ou elle dira : » cette fois-ci nous allons vraiment réformer le pays » et pourra faire valoir davantage son courage que l’image de son passé ?
Ces derniers temps, à tort ou à raison, nos familles politiques ont pu donner l’impression de courir après des conceptions qui ne sont pas les leurs, et de manifester de la faiblesse dans la résistance au projet de nos adversaires. A ceux de la gauche, d’abord, qui embrasse – paradoxalement – tous les thèmes individualistes sur le plan sociétal, et ne conserve un esprit « collectif » qu’en matière de réglementation et de politiques publiques. A ceux de l’écologie, dont la conception soupçonneuse de la nature humaine imprègne désormais bon nombre d’esprits, au point parfois de faire perdre de vue que la valeur suprême sur cette terre demeure la personne humaine.
Le bruit de fond médiatique entretient constamment l’illusion que ces conceptions seraient partagées par l’ensemble de l’opinion française. C’est faux. Le rôle d’une grande formation politique de droite consiste à déployer toute son énergie pour combattre ces faux-semblants. Toute forme de compromission ou de faiblesse dans ce combat conduirait à la perte de sens, la perte de repères et à l’échec.
Au point où nous en sommes, l’UMP ne doit pas être obsédé par des alliances au centre dont les centristes ne veulent pas, ni oublier que son principal adversaire est d’abord la gauche française, dont le FN s’alimente et se rapproche à pas de géant. Il est urgent, dans cette phase qui prépare une nouvelle étape pour la vie de l’UMP et de ses alliés, de renouer avec ce qu’attendent ses militants, sympathisants et ses élus : une formation de droite qui soit à droite, sans rigidité et sans exclusive, mais avec clarté, douceur et fermeté.
Sans attendre l’automne prochain et le congrès de l’UMP, le Parti Chrétien Démocrate, parti fondateur de l’UMP, réaffirme avec force sa conviction sur l’indispensable présence d’une grande formation politique de droite en France n’ayant pas peur d’assumer avec intelligence et cœur les principes rappelés ci-dessus. Le Parti Chrétien Démocrate travaille d’ores et déjà à cette refondation, qui nécessitera le concours de toutes les bonnes volontés.
Alors que notre pays s’enfonce un peu plus chaque jour, nous pourrons à ces conditions, retrouver l’assise, la solidité, la sérénité qui nous font défaut, et redresser la France.